Nous sommes fiers comme communistes et comme Vénissian de voir aboutir ce projet de valorisation de la chaleur des fours de cette usine qui cuit du carbone pour fabriquer des cathodes utilisés dans les usines d’aluminium.
C’est un des plus vieux sites industriels de Vénissieux, du 19e siècle, qui a fourni des générations de militants communistes, d’adjoints au maire, ouvriers qui connaissaient des conditions de travail difficiles. Le site produisait énormément de poussières, autant dans l’usine que dans les fumées dispersées par 4 vieilles cheminées en brique. Les anciens racontaient au début des années 2000 que périodiquement, les voitures dans le quartier étaient aspergées de goudrons le matin… Le site a été le plus polluant du sud-est de la France notamment pour les HAP cancérigènes. Quand on parle de l’amélioration de la qualité de l’air, ce quartier sait de quoi on parle !
Au début des années 2000, le maire André Gerin faisait pression pour que l’usine réduise sa pollution, tout en défendant l’emploi et l’activité industrielle. Cela a conduit en 2005 à une décision de limitation de l’autorisation de production par le préfet qui pouvait inquiéter sur les décisions des actionnaires, à l’époque le groupe Rio Tinto, pas spécialement un ami des communistes ni de l’environnement !
Nous avons eu de la chance, car le groupe a finalement décidé un investissement lourd sur une nouvelle installation de traitement des poussières et des fumées, qui a dès 2013 drastiquement réduit les émissions, au service des ouvriers comme des habitants. Et l’entreprise a continué à investir, jusqu’à annoncer récemment la construction d’un cinquième four à vernir pour accompagner l’évolution des marchés de l’entreprise vers la filière des batteries.
C’est dans l’ambition de décarbonation de l’entreprise que la rencontre avec le réseau de chaleur a pu se faire, parce-qu’elle s’inscrit dans la longue durée, bien loin des résultats trimestriaux à la mode de ce capitalisme US mortifère.
La ville de Vénissieux avait étudié en 2010 le raccordement à l’usine Solvay de la vallée de la chimie, mais il manquait le cadre juridique de long terme dans cette industrie qui elle, vit de trimestre en trimestre… Ce cadre a été possible avec TOKAI et nous en remercions les dirigeants, que les élus de Vénissieux connaissent bien, dans les rencontres avec le conseil de quartier, les projets de développement de l’entreprise, ou avec la charte de coopération vénissiane des entreprises.
L’entreprise cherche à remettre ses transports sur le rail, abandonné il y a 30 ans après la privatisation du fret SNCF. La ligne est toujours là, mais des camions vont et viennent entre Vénissieux et Notre-Dame-de-Briançon. L’entreprise est volontaire. Il ne manque que la volonté du gouvernement de permettre le développement du fret !
Et donc, nous allons récupérer la chaleur des fumées, la valoriser sur le réseau et nous sommes tout à fait heureux, monsieur le maire de Saint-Priest, de la partager avec votre ville. C’est un enjeu de 4% puis 4,5% de la part ENRR du réseau, ce qui n’est pas négligeable, avec un impact tarifaire légèrement positif pour les usagers, la chaleur industrielle étant achetée presqu’au même prix que celle des incinérateurs, donc en dessous du prix de la biomasse.
Nous espérons bien que ces chiffres pourront être revues positivement dans 3 ans, avec la prise en compte d’un cinquième four.
J’ai entendu Gérard Colomb président de la métropole parler en séance quand le groupe communiste évoquait des fermetures d’usine de la « destruction créatrice, il faut que du vieux meurt pour que le neuf émerge »… Carbone Savoie devenu Tokai montre exactement le contraire ! On peut faire du neuf avec du vieux ! Et c’est le seul chemin pour ne pas détruire les savoir-faire que portent les salariés ! Permettez-moi d’insister sur l’exemple de JST dans Lyon 8e, un site historique de la fabrication de transformateurs de très haute tension, indispensable en sortie de centrale électrique. Il faut sauver le dernier site de production industrielle de Lyon !