Politique de la ville et rénovation urbaine

Ce mercredi 11 juin, j’ai participé aux journées nationales de l’ANRU à Paris, intitulées « Mieux vivre dans les quartiers ». J’ai contribué à faire connaitre la réussite du "plateau ressource", ce lieu vert au cœur du plateau des minguettes, qui a complété la rénovation urbaine du quartier Amstrong. Je suis très heureux d’avoir accompagné Mathieu et Andréa, les deux responsables d’association qui animaient un atelier découverte de ce lieu auprès de personnes venus de toute la France pour découvrir ce qui se fait dans les quartiers en politique de la ville pour la nature, l’agriculture urbaine, l’alimentation…

A vrai dire, la forme étant un peu stressante, des séances de 15 minutes pour présenter le projet, répondre aux questions et organiser une "activité sensorielle" illustrant ce qui est fait dans ce lieu… Un atelier à répéter 5 fois pour des groupes qui tournaient d’un atelier à l’autre, chacun sur un thème, pour nous, c’était l’éducation… On aurait pu faire biodiversité, alimentation bien sûr, mais finalement, ce thème permettait de valoriser une des plus grandes réussites de ce plateau ressource, le nombre de participants aux activités, plus de 800 personnes différentes, dont beaucoup d’enfants, et la démonstration que la nature, le jardin, l’alimentation sont des sujets qui motivent des enfants qui surprennent leurs enseignants ! Un élève qui ne se sent pas à sa place dans l’école, qui a du mal avec les règles, les connaissances, les contrôles… s’engage dans des taches pratiques au jardin, prend des responsabilités, et mobilise en fait des connaissances y compris abstraites..

J’ai essayé de donner un peu de peps à la présentation, bien sûr pour valoriser le travail des deux associations et la réussite incroyable de ce plateau ressource, un délaissé du plan de rénovation urbaine qui aurait pu être construit, mais que la ville a décidé de conserver en espace vert, saisissant l’opportunité de l’appel à projet quartier fertile de l’ANRU. C’était un pari, le site était plus connu pour ses dépôts d’encombrants et son point de deal. Et au bout de deux ans, le résultat est magnifique, d’un point de vue écologique, avec une riche biodiversité dont des orchidées venues naturellement, et bien sûr tout le travail d’aménagement, de protection, de nettoyage… réalisé sur le site. Mais aussi et peut-être surtout d’un point de vue social, avec plus de 800 personnes différentes qui ont participé aux activités et ce témoignage que cite Mathieu avec un grand sourire. Quand les enfants viennent le mercredi, si les animateurs leur proposent des activités ludiques, ils répondent "non on veut travailler…". Ce tiers lieu nature est le leur, leur espace qu’ils ont contribué à aménager et ils veulent continuer à l’améliorer.

Je me suis dit qu’on ne pouvait pas ne pas dire un mot sur le contexte difficile des quartiers populaires. Comme il ne fallait être très court, j’ai cherché des formules un peu choc, "je pourrais vous parler comme élu au logement des expulsions, du mal logement, des enfants à la rue, mais justement parce-que pour beaucoup de familles, la vie est difficile, il est encore plus important de proposer des activités natures dans ces quartiers", ou "je suis un élu communiste passionné d’agroécologie soviétique [1]", "ou encore, "nous venons de dénommer un parc voisin Ana Maria Primavesi, que vous ne connaissez peut-être pas, mais qui est une biologiste des sols qui a accompagné pendant des décennies les paysans brésiliens". Je ne sais pas ce que les participants auront retenus…

Cette délibération vient compléter les deux premières engageant des actions de la programmation sociale dans les quartiers politique de la ville. Car la politique de la ville, ce n’est pas que opérations urbaines, mais aussi un accompagnement des habitants pour l’insertion, la culture, la concertation, la santé, la jeunesse…

Ce sont près de 50 actions qui sont financées séparément ou conjointement par la ville et par l’état, en complément des actions « quartiers d’état » financées par l’état ou par la métropole.

En 2024, la géographie prioritaire avait été revue par l’état et de nouveaux quartiers vénissians avaient été intégrées. Depuis c’est 43% de la ville qui fait partie de la « politique de la ville » et donc peuvent relever de ces actions sociales . C’est pourquoi en 2024, la ville avait presque doublé son engagement budgétaire pour ces actions de programme sociale. Cet effort a été maintenu en 2025 mais devant les incertitudes du budget national de l’état, nous avions engagé ces dépenses en plusieurs fois, pour tenir compte des annonces à venir de la préfecture. Nous avons bien fait car nous avons appris fin mai que l’état réduisait cette année ses financements pour la programmation sociale (-10%) et surtout pour les opérations d’été (-40%, passant de 131 000 à 82 600 €) !

L’annonce de ces baisses était faite dans une grande clarté

Compte tenu des annonces présidentielles sur le nécessaire effort de guerre, des crédits de la politique de la ville ont été gelés…

L’inauguration du nouveau parc reliant le plateau au parc Dupic a été l’occasion de faire découvrir ce nouvel espace, certes provisoire mais de qualité, et aussi à faire connaître une femme scientifique méconnue mais qui a joué un rôle pionner en agroécologie, pour la biodiversité et la richesse des sols, dans un engagement militant avec les paysans sans terre du Brésil. C’est d’ailleurs les échanges politiques avec ce mouvement qui m’ont conduit à découvrir Ana Maria Primavesi, et cette dénomination prend tout son sens dans une ville qui multiplie les actions pour la biodiversité, la place de la nature en ville, et les conditions d’une alimentation saine pour tous…

Ce parc est provisoire et il est parfois frustrant de voir le temps que prennent les projets d’aménagements urbains. La ZAC qui organise le projet « Marché Monmousseau Balmes » a été délibérée en 2019, après plusieurs années d’études… Mais nous n’avons pas fini les phases réglementaires et les premières livraisons ne sont pas prévues avant 2028… Cela justifie bien sûr cet aménagement provisoire qui préfigure un futur parc de plus de 2 ha qui fera le lien entre le parc Dupic au centre, et le parc des minguettes sur le plateau. Mais c’est frustrant !

Mais le projet avance… le site de fertilisation des sols va s’installer en septembre, et on espère que les fouilles demandées par la FRAC n’empêcheront pas l’installation rapide de la pépinière qui fournira les arbustes nécessaires aux futures constructions… Le relogement urbain des tours Allaide Monmousseau avance bien, la démolition de la petite barre des cheminots est en cours et dans moins de deux ans, on commencera à voir émerger la reconfiguration de la place du marché avec l’installation du marché provisoire… Oui, il faut du temps, mais la transformation urbaine est de même ampleur que celle qui se termine et a totalement transformé le quartier Vénissy…

Et les projets vénissians pour la biodiversité avancent un peu partout. L’extraordinaire plateau ressource où les actions nouvelles sur l’alimentation s’installent, l’appel à projet de ferme urbaine encours dont le jury se tiendra début juillet…

Du plateau, quand vous descendez à Dupic, ou de Dupic, quand vous montez au plateau… essayez le cheminement du parc Ana Maria Primavesi !

La délibération de ce conseil concernant la gestion sociale et urbaine de proximité est une délibération annuelle sur un sujet important pour le quotidien des habitants. Derrière ce sigle « GSUP » se cache de nombreuses actions du quotidien pour les habitants des quartiers en politique de la ville. La plus connue de tous est évidemment le nettoyage du marché des minguettes, mais aussi le sur-entretien dans plusieurs quartiers.

Mais ce sont aussi des fresques murales comme la très belle fresque de la tour 41 Lénine de GLH réalisée avec un artiste et les habitants, qu’il faut découvrir étage par étage en montant à pied… Cette action est reproduite cette année sur une nouvelle tour, et un autre bailleur (ERILIA) engage un projet de son coté.

Et aussi des actions formation de locataires aux métiers du bâtiment pour mieux entretenir son logement (Alliade), la création d’un jardin à Croizat (LMH), la réfection des halls à Max Barel (SACOVIV)…

Toutes ces actions sont issues d’un travail partenarial tout au long de l’année, entre les bailleurs sociaux, les services municipaux et métropolitains et l’équipe-projet de la Mission GPV de Vénissieux. La ville cofinance (130 855 €) avec la métropole (175 000 €.) et les bailleurs (252 943€) .

Comme je l’ai dit en présentant la délibération au conseil, je complète cette présentation avec un autre outil de cette politique de proximité, l’abattement de taxe foncière pour les bailleurs sociaux en quartier politique de la ville.

Vénissieux est aussi une ville agricole !

Beaucoup la connaissent comme une ville industrielle, une ville de grands ensembles. Mais elle a une longue histoire agricole, histoire qui reste très actuelle.

Pas seulement par son histoire préindustrielle, celle des rosiéristes mondialement connus dont le « magicien de lyon », Pernet Duchet, dont les roseraies étaient à Vénissieux, l’obtenteur de la première rose jaune stable, Soleil d’Or, dont on peut voir les pétales s’envoler à travers les océans dans une fresque magnifique rue Paul Bert

Pas seulement par sa géographie au sud de l’agglomération avec ce plateau des grandes terres dont une grande part est sur Vénissieux, terres céréalières qui font toujours vivre des agriculteurs dont plusieurs habitent la ville.

Mais aussi par le lien historique entre le monde ouvrier et les jardins, jardins ouvriers qui se sont multipliés à l’origine en lien avec les entreprises, les jardins Berliet, les jardins TCL…mais aussi à l’initiative de la ville, jardins associatifs comme l’Esperanto, jardins d’insertion (L’envol), jardins partagés (passion, Moulin vert, Jules guesde, Stoppa…)

Mais aussi par la qualité reconnue de ses jardiniers qui maintiennent cette 4e fleur qui étonne dans notre grande ville populaire, des jardiniers qui se sont engagés dans le zéro phyto dès les années 90.

Et encore par une politique environnementale affirmée sur la place de la nature en ville depuis la construction du premier agenda 21 de la ville il y a 20 ans jusqu’au dernier agenda 2030 affirmant la volonté de développer un réseau des acteurs de la nature et de l’alimentation pour défendre le droit de tous à une alimentation saine. C’était le contexte de la réponse à l’appel à projet « Quartiers Fertiles » de la rénovation urbaine, et du lancement ce 7 avril de l’appel à projet pour une ferme urbaine au cœur des minguettes, à proximité de la maison des fêtes et des familles

Quand France TV nous a demandé une rencontre pour un documentaire sur le relogement urbain aux minguettes, j’ai été bien sûr disponible pour expliquer ce qui se faisait, et en même temps inquiet tant nos médias nous habituent à une image des villes populaires toujours négative, souvent voyeuriste, favorisant les discours de victimisation qui ne respectent pas les habitants.

Mais j’ai bien sûr organisé la visite des sites du renouvellement urbain des minguettes par la journaliste et son équipe, en relation avec mes connaissances, de locataire comme Nadia Benachour, d’acteurs comme le responsable de Action Foncière Logement…

C’était une découverte pour moi et je peux remercier l’équipe, on sent qu’il y a un métier dans le choix et la manière d’organiser des scènes, des situations. Bien sûr un peu frustrant, le temps est court et on aurait pu voir beaucoup d’autres choses et faire plus de rencontres ! Mais à la fin, j’attendais avec intérêt le résultat…

Et franchement, un grand merci, tellement ce petit film de 4 minutes fera plaisir à tous ceux qui aiment ces quartiers, qui savent l’importance de la rénovation urbaine, du relogement. Pas parce qu’il enjolive les choses, au contraire, mais parcequ’il donne la parole à une diversité de situations, locataire relogée, nouvel habitante, professionnel de l’immobilier, et donc.. élu.

Je suis fier d’avoir contribué à donner une image positive du quartier ou j’habite, ces quartiers des minguettes qui sont si souvent caricaturés, stigmatisés, à permettre ce documentaire qui nous dit qu’on peut les faire évoluer, mieux loger ses habitants et permettre à d’autres de s’y installer..

Vive les minguettes ! les lecteurs de mon blog savent que d’ici, quand on habite en hauteur, avec un peu de chance, on peut boire son café du matin en observant le lever du soleil derrière le mont blanc, lors des équinoxes d’automne et de printemps, un privilège pour un quartier populaire !

A l’occasion de la délibération métropolitaine validant les modifications de carte scolaire suite à l’ouverture prochaine du nouveau collège Katia Kraft pour Saint-Fons et Vénissieux, des polémiques ont repris sur la « mixité sociale », instrumentalisée par les droites et l’extrême-droite. Le Progrès, dont on ne sait plus trop ce qui le différencie du buzz des réseaux sociaux, reprend les discours politiciens d’une « association » dénommée « no guetto », qui porte bien mal son nom tant elle ne dénonce jamais la précarisation des quartiers pour le logement, l’emploi, les services publics, mais se contente de polémiquer contre la ville et ses élus en instrumentalisant les collèges. Il est vrai qu’elle est en fait au service d’un élu d’opposition tellement passionné de l’intérêt général qu’il est totalement absent depuis 3 ans du conseil municipal et n’existe que sur ses réseaux sociaux !

Mais si certains veulent parler de mixité sociale, chiche ! Et parlons en pour l’ensemble des politiques publiques !

Madame Anne-Claire Mialot
Directrice Générale
ANRU
159 avenue Jean Lolive
93500 Pantin
 
Madame Fabienne Buccio
Préfète de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
Préfète du Rhône
Préfecture du Rhône
106, rue Pierre Corneille
69419 Lyon cedex 03

Encore un évènement positif et motivant pour la politique de la ville à Vénissieux, la signature de la convention ce 19 septembre, avec le maire, la préfète, le vice-président de la métropole et plus de 40 participants représentant tous les partenaires signataires et de nombreux porteurs d’actions de toute nature… Elle avait été validée en mai avec un évènement festif remarqué…

Les signataires de la convention

Après la présentation de l’espace ressource par les associations Graines de biodiversité et Passe-Jardin, nous avions trois acteurs présentant une action illustrative d’un des trois défis de la convention, la compagnie Lunée l’Ôtre, les compagnons batisseurs, et voisin malin… puis une vidéo remarquable réalisée par Traction Avant et que je vous propose ci-dessous, avant les discours et les signatures

On ne peut qu’être inquiet de ce que décidera un gouvernement clairement à droite toute, et les exigences de réduction de la dette publique que personne au gouvernement ou à l’Union Européenne n’imagine chercher dans la réduction des dépenses militaires ou financières, dans une plus grande justice fiscale faisant contribuant les gagnants de la crise. Il y a urgence pour le logement de tous, pour le logement des plus fragiles, pour les quartiers populaires, mais on peut craindre que ce soit eux encore, avec la prévention, l’éducation, ou la santé, qui fassent les frais de la politique d’austérité annoncée…

Cela rend d’autant plus importante l’action locale et partenariale. Pour 2025, les moyens d’actions de la politique de la ville ont été renforcés, par la commune comme par l’état et la métropole. Il faudra les défendre !

Une visite un peu particulière ce mercredi 10 juillet entre l’espace ressource « plateau fertile », l’esplanade Frida Khalo et le quartier autour de Vénissy… pas moins de 3 vice-président de la métropole, pour une animation dans le cadre des actions « quartier d’été » financées par la métropole. Michèle Picard qui accueillait pour la visite, Renaud Payre, vice-président à la politique de la ville et Véronique Moreira, vice-présidente à l’éducation.

Revenir en haut